Centres de femmes

Les femmes vivent encore aujourd’hui des réalités qui leur sont spécifiques, et heureusement, il existe différents types de centres et d’organismes qui ont pour mission de leur venir en aide. Parmi les grands types d’organismes spécialisés, il y a les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence, les centres de soutien pour les victimes d’agression sexuelle ainsi que quelques centres de soins de santé.

En plus de ces organismes plus spécialisés, il existe ce qu’on appelle communément des centres de femmes : il s’agit de centres qui ont une mission plus générale, soit celle d’offrir aux femmes un lieu d’appartenance, de soutien et d’action. À l’aide de ces différentes facettes, les femmes ont la chance de développer leur autonomie. Une soixantaine de centres de ce type sont présentement actifs dans la région du Grand Montréal.

Pour avoir une meilleure idées des services offerts, découvrez le Centre de femmes de Pointe-Saint-Charles:

Les services offerts par les centres de femmes

Même si, dans la réalité, les activités répondent souvent à plusieurs besoins simultanément, on peut dégager les catégories de services suivantes : services en lien avec le soutien psychoaffectif, services qui apportent une aide matérielle, activités sociales et récréatives, activités éducatives et activités de mobilisation collective.

Soutien psychoaffectif

Dans la plupart des centres, il est possible de discuter avec une intervenante qui pourra offrir écoute, soutien psychologique et relation d’aide. Quelques centres offrent même une ligne d’écoute qui permet aux femmes de discuter avec une intervenante sans avoir à se déplacer. Les intervenantes sont aussi en mesure de diriger les femmes vers des services supplémentaires en cas de besoin. De plus, plusieurs centres organisent des groupes de soutien qui permettent aux femmes de discuter et de se soutenir mutuellement. Certains sont généraux et certains portent sur des sujets plus spécifiques.

Aide matérielle

Différents services complémentaires peuvent être offerts selon les moyens et les besoins identifiés par chaque centre : on peut retrouver des ordinateurs, une bibliothèque, un jardin communautaire, une friperie, une halte-garderie ou encore une cuisine collective. Ces services permettent aux femmes d’économiser tout en répondant à leurs besoins de base.

Activités sociales et récréatives

Selon les intérêts des participantes, les centres peuvent organiser des cafés-rencontres, des activités créatives comme une chorale, un atelier de tricot, de danse ou d’écriture, des activités physiques comme du yoga, un club de marche ou un cours d’auto-défense, des fêtes et des sorties, des jeux de société, des repas communautaires, des activités intergénérationnelles ou interculturelles… Il y en a vraiment pour tous les goûts!

Activités éducatives

Des ateliers, conférences, cours ou formations sont organisés régulièrement. Les femmes peuvent développer des compétences pratiques lors de cours de cuisine, d’ateliers d’informatique, de cours de langues ou d’ateliers liés à l’emploi. L’éducation populaire occupe aussi une place importante : lors d’ateliers définis ou à travers les autres activités, les femmes sont amenées à mieux comprendre les rapports sociaux et à développer des connaissances sur des enjeux qui les touchent, comme la discrimination et la violence envers les femmes.

Mobilisation collective

Dans la veine de l’éducation populaire, les femmes peuvent être invitées à se regrouper et à participer à des actions collectives comme des manifestations, des activités de sensibilisation, l’écriture de textes collectifs et bien d’autres choses. Parfois, les femmes qui le souhaitent peuvent aussi participer à des comités de mobilisation où elles pourront réfléchir et agir plus en profondeur sur les questions qui les intéressent. De plus, les femmes sont souvent amenées à participer aux décisions qui concernent le centre et à y acquérir une expérience de vie associative.

Où? Quand? Comment?

Il y a des centres de femmes dans toutes les régions et dans tous les arrondissements du Grand Montréal. Certains ouvrent surtout leurs portes durant la semaine, de jour, mais chaque centre a son propre horaire. Plusieurs centres demandent que les femmes s’inscrivent comme membres, pour des frais se situant généralement entre 2 $ et 15 $, afin de participer aux activités, qui sont elles-mêmes souvent gratuites, sinon à faible coût. La majorité des centres accueillent toutes les femmes, peu importe leur vécu, mais certains s’adressent tout particulièrement à des femmes qui vivent des situations particulières, par exemple : les femmes immigrantes ou issues d’une communauté culturelle spécifique, les femmes autochtones, les femmes lesbiennes ou encore les femmes qui vivent avec un handicap.

Femmes qui vivent des situations particulières

En plus des centres qui se consacrent entièrement à des clientèles particulières, certains centres de femmes offrent un ou plusieurs services spécifiques. Par exemple, il est possible de trouver du soutien ou de l’accompagnement dans les démarches légales pour les femmes victimes de violence conjugale, des cliniques juridiques, de l’accompagnement pour les nouvelles arrivantes, des cours de français ou d’anglais ou encore des services de traduction ou d’interprétation, du soutien ou du répit pour les proches aidantes, des groupes de soutien pour les femmes lesbiennes et des comités pour les femmes qui vivent avec un handicap ou un problème de santé mentale.

Liens entre les centres de femmes

Plusieurs des centres de femmes sont réseautés entre eux et se réunissent lors de rencontres ou de congrès, ce qui leur permet d’échanger sur ce que vivent les femmes que rencontrent les travailleuses et de joindre leurs efforts pour adapter les services et les activités de façon à rejoindre le mieux possible les besoins des femmes. Cela leur permet aussi d’unir leurs voix et leurs efforts lorsqu’il est question de se mobiliser pour apporter des changements sociaux. Le plus important réseau de centres de femmes au Québec est l’R des centres de femmes, qui a vu le jour en 1985.

La petite histoire des centres de femmes

Dans les années 1960 et 1970, grande période de luttes sociales, les femmes ont fait leur grande entrée sur le marché du travail. Cette nouvelle réalité s’est assortie de bouleversements et de besoins multiples : éclatement de la famille nucléaire, revendications salariales et étudiantes, besoin d’accessibilité à des garderies, avortement et contraception, et bien plus. C’est dans ce contexte qu’un grand nombre d’organisations et d’actions collectives ont vu le jour, ce qui a sensibilisé les femmes de toutes les régions et les a amenées à se réunir afin de tenter de répondre à leurs besoins communs.

Vers la fin des années 1970, les revendications féministes ayant donné lieu à des réformes gouvernementales telles que la création du Conseil du statut de la femme, des subventions ont été rendues disponibles et ont permis aux groupes de femmes de toutes les régions de mettre sur pied des centres où elles pourraient à la fois offrir des services pour aider les femmes et se réunir afin de continuer la lutte pour leurs droits.

1966

25e anniversaire du droit de vote des femmes au Québec. Fondation de la Fédération des femmes du Québec et de l’AFÉAS.

1968

Adoption d’une loi fédérale permettant le divorce sous certaines conditions.

1969

Décriminalisation de la contraception et de l’homosexualité. Fondation du Montréal Women’s Liberation Movement et du Front de libération des femmes du Québec. Ouverture de la première clinique d’avortement du Dr. Morgentaler.

1972

Essor des comités de condition féminine dans les grandes centrales syndicales. Fondation du Centre des femmes de Montréal, qui inclut une clinique d’avortement, et du Centre d’information et de référence pour femmes.

1973

Création du Conseil du statut de la femme. Fondation du Réseau d’action et d’information pour les femmes.

1974

Fondation du Comité de lutte pour l’avortement et la contraception libres et gratuits.

1975

Année internationale de la femme de l’ONU. Fondation du Centre de santé des femmes du quartier Plateau Mont-Royal, du Centre d’aide aux victimes du viol et du Centre de la femme nouvelle.

1977

La notion légale de puissance paternelle est remplacée par celle d’autorité parentale au Code civil. Disparition de la notion d’enfants illégitimes.

1978

Création des cliniques de planification des naissances avec avortement par le gouvernement québécois. Fondation de la Coalition des femmes de Montréal contre la violence faite aux femmes.

1979

Fondation du Regroupement provincial des maisons d’hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale et de la collective de Montréal du Mouvement contre le viol.

1980

Code civil du Québec : égalité juridique des conjoints au sein du mariage.

1983

Reconnaissance du viol marital par le gouvernement fédéral.

1985

80 centres de femmes s’unissent pour fonder l’R des centres de femmes du Québec.

1986

Réforme de la loi sur le divorce : abandon de la notion de faute.

1988

Décriminalisation de l’avortement.